❘ AVANT LA GUERRE - BEAUXBATONS. « Aucun siège ne m'a été gardé ? Vous mériteriez que l'on vous brûle. Tout comme cette Jeanne d'Arc. Allez, poussez-vous, que mon fessier angélique puisse disposer. » La chevelure blonde de la mystérieuse jeune demoiselle vint se plaquer contre son dos, tandis qu'elle s'asseyait sur un des fauteuils de la salle à souper de Beauxbâtons. Les autres élèves la regardaient de manière cynique, d'autres changeaient de table, sûrement pour ne pas finir embrochés. La pluie s'attardait sur le palais magique du Sud de la France depuis plusieurs jours déjà, au plus grand malheur des filles, qui ne pouvaient pas se pavaner au soleil printanier tant attendu. Alors, en attendant les beaux jours, elles s'occupaient comme elles le pouvaient. Atelier maquillage pour les unes, stratégie militaire pour les autres, la joie et la bonne humeur n'étaient pas au rendez-vous. Parmi ces charmantes étudiantes se trouvait Prisca, Capucine Dupuis, en dernière année. Des lèvres pulpeuses et attirantes, de grands yeux verts de biche ornaient son visage hâlé. Capucine possédait une beauté spéciale, ce quelque chose qui déroutaient les regards. Malheureusement -pour les autres- elle disposait aussi d'un courage hors-pair. D'ailleurs, elle avait même été récompensée pour ses actes héroïques à répétition. Une vraie battante, qui ne fuyait pas face au danger. La première épreuve du Tournoi des Trois Sorciers avait eu raison d'elle et de sa santé, alors elle n'avait pu continuer à combattre ce dragon d'Estonie. La beauté fatale était alors restée trois semaines à l'infirmerie, sans se plaindre une seule fois cependant. Une détermination de fer l'imprégnait, mais les conséquences furent difficiles à accepter. En effet, depuis cette mésaventure, Capucine s'aidait d'une béquille pour marcher. Les escaliers de l'école devinrent plus ardus, mais la demoiselle s'en sortait brillamment. Elle excellait en cours et lors de ses venues temporaires à Poudlard -son père y enseignait-, elle montait sur un balai avec une élégance jalousée. « Alors, avons-nous prévu de festoyer comme il se doit ce soir ? J'espère que Louise n'a pas oublié le rendez-vous de ce soir. Il ne faudrait pas qu'un imprévu l'empêche de venir se joindre à nous. Sais-tu où elle se trouve, Hélène ? » Prisca avait un don pour déstabiliser les autres, même les membres de son club très fermé d'amies. Fidèles jusqu'à leur mort, elles acceptaient la torture, les pires traitements magiques dans le seul but de protéger la demoiselle. Et elle n'aidait pas du tout ses sujets à se sentir à l'aise. Les fixant tel un aigle affamé, elle patientait et ne bougeait une bronche tant qu'un son audible n'était pas sorti de la bouche de son destinataire. Hélène, bien entendu, apeurée par sa supérieure, balbutia des bouts de mots, ce qui n'arrangea pas tellement la situation déjà embarrassante. « Louise, hum je ne sais pas, enfin si mais quoi que, bon je dois y aller, j'ai cours. » Capucine n'y croyait pas. Quel manque de justesse, de rigueur. Les autres ne tardèrent pas à partir, laissant la leadeuse seule dans la pièce. La solitude ne lui faisait pas peur. Sa mère lui répétait souvent avant d'aller se coucher qu'il fallait se méfier encore plus de nos proches que de nos ennemis. Capucine suivait ce conseil à la lettre et ne se laissait jamais duper par les autres. Lucide et admirée de tous, le moindre faux pas de sa part se faisait cependant remarquer. Une mauvaise note et tout Beauxbâtons était au courant. Même les écoles étrangères la connaissaient et ne lui laissaient pas de répit. Une vie de demoiselle populaire jusqu'aux orteils mais d'élève torturée, prête à tout pour défendre des valeurs. Des principes. Elle n'acceptait pas de trainer avec les faibles de l'école française. Les lâches et autres absents à l'appel ne l'intéressaient pas. Bien avant la guerre, Prisca Dupuis était une dure à cuire. D'ailleurs, cette guerre, la blondinette ne s'y était jamais vraiment préparé. Il existait quelques tensions entre les trois écoles mais rien d'alarmant. Et pourtant.

❘ MAISON DES OLIVIERS. « Dix-huit, onze. Dix-huit, onze. France. Désastre. Henri. Dix-huit, onze. » « Bonjour à vous les enfants. Je vous présente Joshua, il est nouveau dans l'établissement et j'espère que vous l'intégrerez lors des activités! » Un visage pâle, caché derrière la directrice de l'école spécialisée, se dévoila alors. Joshua Peathrow était tout juste âgé de treize ans lorsqu'il intégra la maison des Oliviers. En effet, il était atteint d'un trouble léger du comportement depuis son huitième anniversaire et ses parents, désémparés, avaient alors décidé de l'envoyer dans cette prison de verre.