Le silence qui régnait dans la bibliothèque était presque assourdissant. Mais il faut le dire, Avalon avait toujours été plus à l'aise dans les lieux où régnaient brouhaha et effervescence. Une moue boudeuse et ennuyée affichée clairement sur le visage, elle était assise seule à une table, penchée sur son devoir d'histoire de la magie. Elle se demandait bien ce que pouvait faire Ophélia à ce moment là... Elle n'avait pas à terminer son devoir, comme d'habitude elle l'avait fini avant tout le monde. Peut être était-elle tranquillement installée dans sa salle commune ? Ou peut être était-elle en train de se prélasser dans la baignoire à la taille disproportionnée de la salle de bain des préfets ? La petite brune sentit aussitôt une envie irrésistible de bon bain chaud s'infiltrer dans ses veines tandis qu'elle s'imaginait déjà plonger son corps avec délectation dans une eau à température idéale, une mousse délicate flottant à la surface et venant caresser sa peau. Elle se secoua alors mentalement afin de rayer cette image de son esprit, tentant de se concentrer une fois de plus sur son devoir. Mais c'était peine perdue. Elle releva la tête et soupira discrètement tout en balayant des yeux les quelques tables qui l'entouraient. Une tête attira alors son regard. Elle la reconnu aussitôt, et un sourire mauvais se dessina sur ses lèvres. Elle attrapa son sac et l'ouvrit d'un geste souple du poignet. Elle en retira alors un morceau de parchemin sur lequel elle s'empressa d'écrire. Cap ou pas cap de faire tourner en bourrique la harpie qui nous sert de bibliothécaire ? Puis, elle froissa le papier en boule, et le lança sur la tête de la poufsouffle.

Comme souvent, elle avait utilisé une référence à un film moldu, chose que les deux jeunes filles aimaient souvent faire. Avalon ne se rappelait que vaguement de l'histoire de Jeux d'enfants. Mais elle se souvenait que, tous comme les deux poudlardiennes, les héros du films se lançaient toutes sortes de défis plus ou moins stupides, testant sans cesse les limites de l'autre. Sauf que dans leur cas à elles, tant qu'elles étaient à Poudlard, leur compétition ne s'arrêterait certainement pas sur un ''FIN'' renvoyant ensuite au générique. Elle savait déjà que sa comparse allait relever le défi, et elle s'amusait à l'avance de ce que l'ingéniosité de la jaune et noire allait trouver pour faire hurler la bibliothécaire. Tant pis pour son devoir d'ailleurs, il allait bien attendre. Après tout, la procrastination était l'une des spécialités de la jeune fille.

L'atmosphère studieuse qui régnait dans la bibliothèque n'allait certainement pas tarder à changer du tout au tout, et la jeune fille avait plus que hâte. Droite comme un piquet sur sa chaise, toute son attention était tournée vers la table à laquelle la poufsouffle était assise, essayant tout de même de faire en sorte d'avoir l'air détendue et totalement innocente. Mais un sourire amusé était déjà accroché à ses lèvres. Elle vit de loin que la jeune fille acceptait -bien évidemment- le défi. La scène qui s'en suivit mis à mal le sérieux de la petite brune, et à plusieurs reprises, elle manqua d'exploser de rire. Non seulement parce que Snow-Lynn avait l'air complètement folle, à chanter ainsi à tue-tête, puis à balancer par terre les précieux livres de la bibliothèque, mais également parce que tous les autres élèves la regardaient sidérés, avec de grands yeux ronds -certains amusés, d'autres beaucoup moins- et enfin, parce que la bibliothécaire semblait complètement dépassée. La pauvre ne devait pas comprendre ce qu'il était en train de se passer. Et ce n'était pas étonnant d'ailleurs. Elle courait comme elle le pouvait au secours des manuscrits, tout en essayant de rattraper l'élève enragée. Sans y parvenir. Cette dernière arriva d'ailleurs auprès de la serpentarde, lui intimant à se conduite aussi mal qu'elle, si ce n'était pire. Un large sourire se dessina sur les lèvres d'Avalon, son regard brillant des mille feux de la malice. Elle lui adressa alors un clin d'œil.

Certains élèves avaient l'air d'avoir compris le manège des deux jeunes filles, mais en tous cas cela ne semblait pas les embêter outre mesure car ils ne pipèrent mot. Heureusement pour eux d'ailleurs car s'ils en étaient venu à les dénoncer à la bibliothécaire, le courroux de la petite brune aurait été terrible. La jeune fille se mit à réfléchir à quel tour elle allait bien pouvoir jouer et au bout de quelques instants, la lumière se fit. Elle avait récemment appris un nouveau sortilège d'illusion qu'il lui tardait d'essayer. Surtout qu'elle ne prenait pas trop de risque car même si elle ne le réussissait pas, ce n'était pas du genre à faire exploser des choses ; dans le pire des cas, il ne se passerait tout simplement rien. Avalon sortit alors sa baguette magique de sa poche lorsque la silhouette de la sorcière, les bras chargés de bouquins, se détacha dans un coin de son champs de vision. Elle la pointa vers une étagère non loin d'elle, et murmura la formule le plus bas possible afin que personne ne l'entende. Soudain, de grandes flammes s'élevèrent, dévorant les pages des livres et le bois de l'étagère. Une jeune fille cria d'effroi, et son camarade assis à côté d'elle appela « Au feu ! » La bibliothécaire, apercevant la scène, fit tomber ses livres par terre et se précipita vers la source de toute cette agitation, sortant sa baguette de sa poche. Lorsqu'elle arriva devant, elle agita l'agita d'une main experte tout en s'exclamant « Aguamenti ! » mais à peine un jet d'eau s'élança t-il vers le feu que ce dernier disparu tout simplement. Les livres furent complètement trempés. Un sourire mauvais se dessina sur les lèvre d'Avalon, et elle pointa sa baguette sur une étagère à l'opposé de la pièce, réitérant sa formule. Un nouveau feu illusoire se déclara alors, faisant crier d'autres élèves situés à proximité. La bibliothécaire n'eut pas le temps de s'intriguer de ce qu'il venait de se passer qu'elle s'élançait déjà vers le nouveau foyer, afin de l'enrayer à l'aide d'un nouvel aguamenti... qui eut le même effet que le précédent.

La serpentarde ricana face à la situation, situation qui aurait peut être dû lui donner pitié de la femme qui s'escrimait à essayer de bien faire son travail, et qui devait se dépêtrer de ce genre de choses. Mais n'étiez vous pas au courant que la jeune fille avait aucun sens de la morale ? Elle adressa alors un regard à Snow-Lynn, haussant les sourcils d'un air qui voulait dire : Tu peux faire mieux ? Et en fait, la jeune fille se posait la question ; allait-elle continuer, ou serait-elle prise de remords ? En tous cas Avalon trouvait que son après-midi était devenu soudainement bien plus amusant. Elle ne ressentait presque pas de culpabilité à laisser encore traîner son devoir d'histoire de la magie.