❝ La réponse du poète. ❞
❦ Alcide
« Hey, le morveux ! » Alcide frissonna. Non, pas eux ... Il accéléra le pas, tenta de les distancer ... Mais ses chaussures presque trouées lui faisaient mal aux pieds, et les garçons qui le suivaient courraient presque. Alcide serra les poings. Non, il ne leur céderait rien. Rien. C'en était assez, depuis qu'il était petit, ces garçons l'avaient pris pour cible ... Aujourd'hui, il en avait assez.
« Allez, morveux arrête toi ! » Alcide se mit à courir, mais à peine eut-il commencé qu'une main se posa sur son épaule et le plaqua contre le mur sale de la rue.
« Qu'est-ce que vous me voulez ? » grogna-t-il. Le plus grand de cinq garçons qui l'avaient pris pour cible esquissa un sourire narquois.
« Oh, mais le petit Alcide à sa maman se rebelle ? Allez, minus, on sait très bien que tu vaux rien ! Donne-nous tes pompes et ce que t'as dans les poches ! » fit le voyou en lui attrapant le bras. Alcide se dégagea violemment.
« Non ! Laissez-moi ! » Les cinq garçons rirent.
« Oh c'est mignon, t'essayes de te défendre ! Mais ça ne sert à rien ! Parce que t'es tout seul minus, personne ne t'aimes, et tu sais pourquoi ? Parce que t'es bizarre ! Tu fais des trucs bizarres ! Parce qu'on sait tous que quand il y a une ampoule qui explose, ou un vitre, ou quelque chose qui change brusquement de couleur, c'est de ta faute, hein minus ? Alors file-nous tes affaires et en vitesse, morveux, parce que tu sais pas ce qu'on peut te faire subir ... » Alcide, plus énervé que jamais, repoussa brusquement le garçon qui le maintenait par le col.
« LAISSEZ-MOI ! » Soudain, ce fut comme ci le plus grand des garçons vit rouge. Ses yeux devinrent presque noirs et il leva sa main qui alla s'écraser sur la joue d'Alcide. Celui-ci, sous le choc, partir en arrière et se cogna contre le mur. Il avait les larmes aux yeux. Jamais, jamais ils ne l'avaient frappé. Il hésita un instant. Il aurait pu s'enfuir mais il savait qu'ils le rattraperaient. Il n'était pas assez fort et assez courageux pour les pousser, les frapper. Soudain, il eut envie de fondre en larmes. Au lieu de ça, il retira ses chaussures, le laissa tomber par terre, puis fouilla les poches de son vieux jean troué et laissa tomber les quelques bonbons que lui avaient offert sa mère hier sur le sol, ainsi que le dessin que lui avait donné sa petite sœur.
« Et bien voilà, quand tu veux ! Allez, c'est bon pour aujourd'hui ! Dégage avant que je change d'avis ! » Alcide, honteux et pied nu, fila sans demander son reste. Jamais il n'oserait avouer à sa mère ce qui venait de se passer ...
❦ Karzan
« Hey, le mioche ! » Karzan frissonna. Non, pas eux ... Il accéléra le pas, après tout, sa chambre n'était plus très loin ... Mais les garçons qui le suivaient courraient presque. Mais Karzan avait décidé que s'en était assez. Ces imbéciles ne lui feraient plus rien.
« Allez, le mioche arrête toi ! » Karzan se mit à courir, mais à peine eut-il commencé qu'une main se posa sur son épaule et le plaqua contre le mur du corridor.
« Arrêtez ! Qu'est-ce que vous voulez ? » s'exclama-t-il avec rage. Le plus grand de trois garçons qui l'avaient pris pour cible esquissa un sourire narquois.
« Oh, mais c'est qu'il mordrait presque, le petit Karzan, hein ? Donne-nous les pièces que la dirlo t'as donné ce mois-ci ! » fit le voyou en lui attrapant le bras. Karzan se dégagea violemment.
« Va te faire foutre ! » Les trois garçons rirent.
« Ouais c'est ça, c'est ça ! Monsieur le bizarre fait le courageux. Mais on sait très bien que t'as pas de c*uilles minus ! Et personne ne te viendra en aide ! Et tu sais pourquoi ? Parce que tu leur fais peur avec tes choses bizarres là ! T'es pas normal, t'es un monstre, minus ! » Karzan, les larmes aux yeux face à ces paroles et plus énervé que jamais, repoussa brusquement le garçon qui le maintenait par le col.
« LAISSEZ-MOI ! » Soudain, le plus grand des garçons, énervé par la soudaine violence de Karzan, leva le bras et assena un coup de poing sur la pommette gauche du garçon. Le choc fit tomber Karzan au sol. Il porta la main à sa joue, et les larmes se mirent à couler sur son visage. Jamais, jamais ils ne l'avaient frappé. Il hésita un instant, puis, presque dégouté de lui-même, sortit de sa poche le peu d'argent de poche que leur donnait chaque mois la directrice de l'orphelinat.
« Et bien tu vois, quand tu veux ! Allez, dégage avant que je change d'avis ! » Karzan, les poings serrés, la joue rouge, la mâchoire douloureuse et son amour propre en miette regarda la fin du couloir et la porte de sa chambre à quelques mètres de là. Puis il se tourna vers les garçons, leur cracha à la figure et fila en courant s'enfermer à double tour.
❦ Alcide
« Maman ... » Mrs Caerson, bien que n'aillant pas achever son histoire, stoppa sa lecture du Petit Poucet pour regarder son fils. En souriant tendrement, elle lui passa une main dans ses cheveux blonds, et posa l'autre sur son propre ventre, bien rebondi par ses cinq mois de grossesses. Elle attendait en effet son cinquième enfant, et il s'était révélé quelques jours plus tôt que c'était en fait des jumeaux. De bouches de plus à nourrir pour les Caerson, certes, mais un véritable bonheur pour toute cette petite famille.
« Oui mon ange ? » « Maman, pourquoi est-ce que je suis bizarre ? Pourquoi est-ce que je fais des choses bizarres Maman, pas comme les autres ? » Le coeur de Mrs Caerson se serra. Son tout petit ... Elle voyait bien qu'il souffrait de cette différence, elle voyait bien que cela lui attirait l'animosité de ses camarades ... Son aîné faisait en effet souvent des choses étranges, des choses anormales, et personne n'aurait su expliquer d'où cela venait. Néanmoins, cela ne la dérangeait aucunement et cela ne dérangeait aucun Caerson. Alcide était son fils, quoiqu'il advienne.
« Il y a deux réponses à cette question, mon chéri, comme à toutes les questions, tu le sais bien. Celle du savant et celle du poète. Laquelle veux-tu entendre en premier ? » Ah, ces questions à deux réponses ... Une formule que Mrs Caerson affectionnait tout particulièrement et qui lui venait de sa mère. De tous ses enfants, Alcide était le seul, semblait-il, à apprécier et réutiliser cette formule, et sa mère savait qu'en posant une question, il attendait une réponse sous cette forme.
« Celle du savant. » Mrs Caerson sourit tristement.
« Je ne sais pas. Les choses que tu fais ne sont pas rationnelles et je t'avoue que mon savant sèche, pour le coup. » Alcide eut une moue boudeuse, comme pour dire que décidément ce savant était nul, avant de demander.
« Et celle du poète ? » Cette fois-ci, Mrs Caerson eut un sourire tendre à l'égard de son fils. Elle l'attira contre elle et lui mumura à l'oreille :
« Tu es un garçon exceptionnel mon Alcide. Et comme tous les petits garçons exceptionnels, tu fais des choses exceptionnelles. Je ne sais pas d'où ça vient, mais ce qui est certain c'est que ce n'est pas une tare mais bel et bien un don que tu as là. Et ça, ne l'oublie jamais, mon ange, jamais. »❦ Karzan
« Maddie ... » Madeline Jones, une jeune femme un peu rondelette aux longs cheveux roux termina de border le garçon blond couché dans son lit avant de se redresser.
« Oui Karzan ? » « Maddie, pourquoi est-ce que je suis bizarre ? Pourquoi est-ce que je fais des choses bizarres Maman, pas comme les autres ? » Un sourire à la fois triste et tendre se dessina sur les lèvres de Maddie. Ah, ce cher Karzan. De tous les enfants de l'orphelinat, il était son préféré, et elle était sans doute la seule personne gentille avec lui. Pour les autres employés, il créait bien trop de problèmes pour être apprécié ... Mais elle avait été touché par sa détresse et sa solitude, et il était devenu son chouchou. Seulement, il était vrai que parfois, Karzan agissait étrangement ...
« Il y a deux réponses à cette question, mon chéri, comme à toutes les questions, tu le sais bien. Celle du savant et celle du poète. Laquelle veux-tu entendre en premier ? » Ah, ces questions à deux réponses ... Cette formule, Madeline l'avait apprise de sa mère, qui elle même l'avait apprise de la sienne. De tous les enfants dont elle s'était occupé depuis son arrivée à l'orphelinat, Karzan était le seul à qui elle avait révélé ces paroles.
« Celle du savant. » « Je la connais pas. Les choses que tu fais ne sont pas rationnelles et mon savant ne sait point quoi te répondre, mon petit. » Karzan soupira et leva les yeux au ciel.
« Et celle du poète ? » Cette fois-ci, pour répondre, Maddie prit le temps de s'asseoir sur le lit, et elle se pencha à l'oreille de Karzan.
« Tu es un garçon exceptionnel Karzan. Et comme tous les garçons exceptionnels, tu fais des choses exceptionnelles. Je ne sais pas d'où ça vient, mais ce qui est certain c'est que ce n'est pas une tare mais bel et bien un don que tu as là. Et ça, ne l'oublie jamais, petit, jamais. »❦ Alcide
C'était ... C'était magique. Tout simplement magique, fantastique, admirable. Et il se sentait tellement ... tellement à sa place ! Un sentiment qu'il n'avait plus ressenti depuis bien longtemps. Mais ici, il n'était pas bizarre, étrange différent. Il était même carrément normal par rapport à la plupart des personnes qui marchaient dans la rue. Là, par exemple. Il y avait une vieille dame portant une très longue robe violette avec des crapauds qui bondissaient çà et là d'un bout à l'autre du tissu. Son chapeau quand à lui, très pointu et aux larges bords, de la même couleur que sa robe, était imprimé également de crapauds mais qui chantaient en coeur, en laissant échapper de retentissants "crôôa". Alcide riait en voyant cette vieille femme. Alcide restait stupéfait devant les merveilles qu'il découvrait. Alcide se sentait vivant dans ce monde qu'il commençait à appréhender.
« Allez, jeune homme, avançons avançons ! » La jeune femme qui l'accompagnait, et qui était une employée, si elle croyait ce qu'elle lui avait raconté, du Ministère de la Magie, avait été très sympa au début et l'avait laissé flâner devant chaque magasin. Néanmoins à présent, elle voulait qu'il se dépêche d'aller chez un certain Ollivander, car à l'en croire, c'était la chose la plus importante qu'il devait acheter aujourd'hui.
« Oui, j'arrive. On peut juste s'arrêter ici ? J'aimerai ... enfin ... » « Oh, tu veux un hibou ? Bon ... D'accord mon garçon, mais dépêche toi un peu n'est-ce pas ? Je dois te ramener chez tes parents dans une heure et nous n'avons toujours pas acheté ta baguette ... » Alcide lui adressa un petit sourire et se précipita dans le magasin. Il écarquilla alors les yeux. Des centaines de hiboux et de chouettes s'étalaient devant lui, dans des cages, tous plus magnifiques les uns que les autres. Il parcourut longuement des yeux jusqu'à ce que son regard ne tombe sur une petite
chouette hulotte toute mignonne. Il s'approcha de sa cage et se penchant pour se retrouver à sa hauteur.
« Coucou toi ... » La petite chouette l'accueillit d'un hululement encourageant et Alcide allait passer ses doigts entre les barreaux de la cage pour toucher la petite chouette quand on le poussa brutalement au sol.
« OH ! Je suis désolée ! » « Non, c'est rien, t'inquiètes pas. » La fillette qui venait de le bousculer, et qui devait avoir son âge, lui adressa un sourire.
« Moi, c'est XXX ! Tu entres à Poudlard aussi ? » se présenta-t-elle en lui tendant la main. Alcide la prit.
« Pou ... ? Ah ! Oui, oui, Poudlard ! Oui je rentre à Poudlard cette année. Je suis Alcide, enchanté. » « Oh, tu es un né-moldu ? Tu avais envie d'acheter cette chouette ? Elle est mignonne. Et tu vas où après ? Moi je vais chez Ollivander, pour ma baguette ! » « Oui, je suis né-moldu, et oui j'aimais bien cette chouette. Et oui, je vais chez Ollivander. Enfin je crois. » La fillette lui adressa un grand sourire, attrapa la cage de la petite chouette, la fourra dans les mains d'Alcide et lui dit :
« Je te l'offre, d'accord ? Et puis, tu viens avec moi chez Ollivander ! » Alcide, bien qu'un peu surprit, hocha la tête, et suivit en silence mais avec un sourire aux lèvres celle qui deviendrait sa meilleure amie.
❦ Karzan