❝Je connaissais l'exagération humaine concernant le regret - avoir le coeur brisé. Mais j'avais toujours cru qu'il s'agissait d'une métaphore, d'une image qui n'avait aucun lien physiologique... Je ne m'attendais donc pas à ressentir cette douleur dans la poitrine. La nausée, oui, la boule dans la gorge, oui, les larmes brûlantes dans les yeux, oui. Mais pas cette sensation que quelque chose se déchirait dans ma cage thoracique. C'était contre toute logique.❞

-Les âmes vagabondes- Stéphenie Meyer.

Et puis d'un coup, tout s'est arrêté. Il n'y avait plus rien, le monde venait de s'écrouler sous mes pieds endoloris. La pluie -parce qu'étrangement, à chaque passage dramatique de ma vie, cette satanée pluie se moquait de moi- ruisselait sur mon crâne, se frayait un passage sur mon visage et prolongeait sa longue descente dans le col de mon manteau mal fermé. Tout mon corps était tendu, paralysé par l'effroyable vérité. Tout est fini. Dans mon fort intérieur, une voix hurlait de partir en courant, de tenter de la rattrapée et de tout lui expliquer, quitte à devoir passer pour un cinglé. Tout est fini. Cette simple pensée réussissait à me rendre catatonique, mes lèvres prenait une teinte bleutée sous l'effet du froid et de cette foutue pluie qui s'acharnait. A force de ne pas pouvoir cligner des yeux, je commençais à ressentir des démangeaisons dans le creux de mes paupières tandis que ma vue devenait de plus en plus fou. Parce que c'est un réflex humain, je finis par cligner plusieurs fois des yeux, tentant de toutes mes forces de sortir de cette torpeur qui m'embrassait. C'est fini, et tout ça était de ma faute. Ou était-ce le destin qui avait décidé de m'infliger cette atroce blessure? Le plus simple aurait été de dire que mes parents étaient les coupables, mais ce serait se voiler la face. D'accord, il est vrai que je viens d'une noble famille de sorciers de sangs-purs, j'ai donc des devoirs envers ma longue lignée. Que pouvais-je faire? Lorsqu'on m'a annoncée que j'avais été fiancé à une inconnue, je m'étais senti piégé. Moi qui ne m’étais jamais vanté haut et fort d'appartenir à une des plus puissantes familles de sorciers russes, je me voyais réduit au même sort que tous ces sangs-purs. Fiancé, à vingt ans à peine. Il est vrai que je n'ai jamais été le fils parfait, loin de là. Peut-être est-ce le fait d'être né le dernier de quatre enfants. J'avais voulu faire autrement que de suivre les règles comme un mouton. J'ai décidé bien tôt de me rebeller contre ces stupides règles qui sont censées vous garder dans le droit chemin, afin de ne pas ternir la belle image de la famille Nicolievski. Comment avais-je pu tout simplement accepter d'épouser Sullibeth Duval? C'était simple, je n'avais tout simplement pas eu le choix. Voyez-vous, l'amour familial a la particularité d'être puissant pour la plupart des gens. Je n'étais pas l'exception qui confirmait cette stupide règle. Comme tout enfant, je n'ai pas voulu briser le cœur de ma pauvre mère qui me voyait déjà un sorcier mondialement reconnu, marié à une riche famille de sangs-pur et ainsi pouvoir se vanter d'avoir un fils plus qu'exemplaire.
J'ai donc accepté. A contrecœur, mais je l'ai fait. Ce qui m'amène donc à revenir sur ma pauvre épave trempée au milieu du parc, fixant la place où s'était tenu Evgeniia Czarina Alinovitch. Cette après-midi-là, je venais de briser mon cœur en mille morceaux en commettant l'irréparable. Tout était fini, ou plutôt, rien n'avait jamais existé à présent. J'essayais de me convaincre que c'était la bonne chose à faire. Après tout, je venais d'être fiancé à sa cousine, que pouvais-je faire d'autre? J'aurais bien pu balancer les règles familiales et la suppliée de me suivre à l'autre bout du monde, là où personne ne nous jugerait. Mais, m'aurait-elle suivie? J'en doute, elle se pliait tout autant que moi à ces règles stupides qui régnait chez nous. Je savais qu'elle ne m'en voulait pas, mais je n'arrive toujours pas à me faire à l'idée que bientôt, je ne la reverrais plus. Ah oui, parce que si ce n'était pas encore assez douloureux, je quitte la Russie le lendemain. Direction Poudlard, Londres. Rencontrée ma charmante promise. Tout était fini. Il n'y aurait plus jamais de nous. Demain, elle reviendrait à ses sentiments de base à mon égard. Le mépris, la haine et le dégout se liraient de nouveau dans ses beaux yeux. Et moi, je suis condamné à me rappeler à chaque secondes, à chaque instant les souvenirs douloureux que j'avais construit en un an. La plus belle année de ma vie, sans aucun doute. Peu à peu, mes membres se dégourdirent, et je pus plus rapidement que souhaité retomber sur terre, plus violemment que jamais. Désemparé, je fis le tour du parc, traînant les pieds, le regard dans le vide. Qu’avais-je fais ? Je regrettais déjà mes actes. Le plus dur, c’était de me dire que j’allais devoir vivre avec les conséquences de mes actes, sans aucunes possibilités de revenir en arrière.

One year later .

On ne s’habitue jamais à la souffrance. J’avais toujours ce vide oppressant au fond de la poitrine, qui me broyait de l’intérieur petit à petit. Bien sûr j’avais essayé de trouver diverses occupations pour ne pas rester seul chez moi à m’apitoyer sur mon sort. Les fêtes s’étaient accumulées de façon insensée, je m’étais fait de nouveaux amis à Poudlard – il faut peut-être que je précise que mon accent russe très prononcé à un charme fou chez la gente féminine -, j’avais tenté de l’oublier dans les bras d’une autre, sans succès. Sullibeth tentait de m’aider du mieux qu’elle pouvait, mais sa présence ne faisait qu’accroître mon mal-être. Elle avait la chance d’être en contact permanent avec Czarina, à l’instar de moi. Et pourtant, je ne supporte plus d’entendre son nom, j’évite le plus possible les discussions qui pourrait finir par parler d’elle, je n’en parle jamais. A vrai dire, ce point-là est assez facile, c’est l’avantage des relations tenues secrètes. Personne n’est au courant des ruptures, des disputes, bref de votre vie sentimentale. De plus, je ne suis plus à Durmstrang depuis bientôt un an, et personne à Poudlard ne semble simplement se douter de tout ce qui est arrivé là-bas. Elle me manquait, atrocement. Certains soir, j’avais tellement besoin d’elle que le simple souvenir de son regard brulant de passion se posant sur ma pauvre personne, me coupait le souffle. A chaque fois, c’était pareil, c’est comme si je recevais un énorme coup de poing en plein ventre. Je mettais toujours deux ou trois minutes à reprendre entièrement mon souffle et je finissais inlassablement par m’enfoncer un peu plus dans la douleur. Heureusement pour mon entourage, je ne suis pas du genre à montrer à qui veut mes sentiments. C’est pourquoi je me comporte comme d’habitude, maladroit et impoli, avec tout le monde. Tout reste au fond de moi, caché dans une partie de ma tête, là où personne ne peut entrer et découvrir mon douloureux secret. Mais il arrive parfois que je me perde dans les souvenirs.

Comme ce jour, un mardi si ma mémoire est bonne. Pour changer, le temps laissait à désirer, j’avais donc eu la brillante idée de rester dans ma chambre toute la journée. Au programme, grasse matinée, petit déjeuner au lit et massage des pieds. Résultats, j’étais debout à sept heures trente du matin, j’ai dû attendre une demi-heure pour aller manger que la Grande Salle soit ouverte et bien entendu, personne n’a voulu se porter volontaire pour soulager mes pauvres pieds de toute la tension qu’ils avaient accumulés ses derniers jours. J’étais donc affalé dans mon lit, mâchouillant rêveusement un chocolat à la menthe. Si j’avais su que je me perdrais autant dans mes pensées, je pense que j’aurais accepté de jouer ce match de Quidditch avec les autres. Mais il était trop tard, mon esprit vaguait déjà profondément dans les recoins les plus sombres de mon esprit.

FLASH BACK

« Tiens tiens, qui voilà ? » Un léger sourire en coin éclaira soudain mon visage. Debout devant moi se tenait une superbe blonde répondant au doux nom de Czarina. Depuis quelques semaines, un jeux assez spécial s’était instauré entre nous. Je ne saurais dire comment tout ça a commencé. Il est vrai que nos réputation complètement opposée nous avait prédestinés à une haine mutuelle. Et pourtant, il y a quelques semaines, j’avais éprouvé plus que cette haine. Ou plutôt, j’avais commencé à aimer ses rendez-vous improvisés, ce regard de défi qu’elle ne cessait de me jeter, me défiant de faire quoi que ce soit. Je n’avais pas eu besoin de plus pour le faire. « Avoue-le, tu n’arrives déjà plus à vivre sans moi, n’est-ce pas ? » Je venais de m’approcher discrètement d’elle en parlant, arquant un sourcil, légèrement narquois. Nous étions dans un couloir de la forteresse de Durmstrang, à une heure plutôt tardive. La rencontre n’avait évidemment pas été hasardeuse, j’avais fait les cents pas dans ce maudit couloir, attendant qu’elle l’emprunte, comme tous les jours. Vous pensez sans doute que je suis ce genre d’homme qui harcèle sa proie. Et bien non, j’avais juste envie de l’ennuyer un peu. Qu’avait-il de mal à ça ? « Dégage Lera. Ce n’est vraiment pas le moment, je ne devrais pas traîner dans les couloirs maintenant. Et j’ai pleins de trucs à faire de toute manière. Allez, ouste ! » Ben voyons. Encore une excuse bidon pour me tester. Je commençais à avoir l’habitude, et pourtant je n’arrivais toujours pas à m’en lasser. Czarina et moi étions totalement différents. Je tentais par tous les moyens d’esquiver mes obligations familiales, tandis qu’elle les assumait pleinement. C’est d’ailleurs en partie pour cela que ça n’avait pas collé entre nous. Je ressemblais à un punk colérique tandis qu’elle incarnait la Reine des Glaces. Son ton hautain me fit sourire. Jetant un coup d’œil aux alentours, je me rapprochai encore plus près d’elle, glissant subtilement ma main dans le creux de ses reins. « Allez, je sais que tu meurs d’envie de rester avec moi. Suffit de demander, je te mangerais pas » Je la dévisageai un instant avant de reprendre « Quoique.. » Et là, enfin, je vis ses joues rosirent très légèrement et un sourire qui tentait de pointer le bout de son nez, tandis que ma douce faisait tout pour rester impassible. Qu’à cela ne tienne, j’allais passer à la vitesse supérieure. Doucement mais fermement, je l’ai attirée tout contre moi, de telle sorte à sentir la fragrance enivrante de son parfum. Mon visage n’était plus qu’à quelques centimètres du sien, et mon index frôlait les contours de son visage, pour finalement caresser doucement ses lèvres rosées. Je n’avais jamais vu une telle beauté, déjà que de loin elle était splendide, de près ses traits étaient tout simplement à couper le souffle. Je la regardai encore un instant dans les yeux. Il me semble qu’à ce moment-là, Czarina tenta une ou deux fois de se défaire de mon emprise, mais je n’avais aucune envie de la lâcher. Avec une certaine frayeur, je commençais à me rendre compte que j’aurais bien passé le reste de la nuit, et même les nuits suivantes, a simplement effleurer les traits angélique de son visage. Ses mots se perdaient dans le vide, j’étais obnubilé par tant de beauté. Et parce que je suis faible, j’ai enfin cédé. Mes lèvres se sont lentement rapprochées des siennes, et quelques millièmes de secondes plus tard, je goutai enfin à ses lèvres. Ca faisait une éternité que je n’avais pas ressentie un tel bordel d’émotion. Tout se bousculait dans mon for intérieur, au fur et à mesure que le baiser, qui était d’abord hésitant, prenait de plus en plus de vie pour céder à une passion démesurée. En à peine quelques secondes, je me surprenais à la plaquer doucement mais fermement contre une paroi du couloir, sans me décoller de sa bouche. Son odeur envahissait mes narines, mes mains parcourait fiévreusement les courbes délicieuse de son corps tandis que je…

FIN FLASH BACK

Je me redressais en sursaut. Un mince filet de sueur coulait dans mon dos, tandis que j’haletais frénétiquement, à la recherche de mon souffle perdu. Encore un rêve d’elle. Décidément, je commençais à sérieusement songer à ne plus fermer l’œil de la nuit, pourvu que ces souvenirs disparaissent une bonne fois pour toute. De toute manière, il était peu probable que je la revoie un jour, excepté lors de mes visites en Russie, pour voir la famille. Et lors du dîner qui officialiserais pour de bon mes fiançailles avec Sullibeth. Bon Dieu, il avait vraiment fallu me caser avec la cousine de la personne qui comptait le plus pour moi. Je commence à croire que le destin s’acharne. Si j’avais su que le destin me réservait des retrouvailles sanglantes avec ma dulcinée, je pense que je n’aurais jamais bougé de mon lit ce jour-là.

❝Ne plus être écrasé par les souvenirs mais apprendre à vivre avec eux, ne plus être écrabouillé par le chagrin mais le dominer, ne plus être dans le ressassement mais simplement dans l'effleurement. Ce serait bien alors. Je serais sur la voie de la guérison.
Un aveu : je ne suis pas guéri. Mais les malades doivent avoir l'élégance de ne pas indisposer les bien-portants, on leur sait gré de dissimuler leur mal.❞

-Se résoudre aux adieux - Philippe Besson.

On ne choisit pas sa famille. D’ailleurs, c’est bien dommage. Que n’aurais-je pas donné pour pouvoir avoir au moins un parent moldus, même cracmol ? Si on me donnait la chance de pouvoir tout recommencer, je choisirais d’abord ma famille soigneusement. Mes parents ne seraient pas deux personnes coincées ne sachant pas la définition ni l’utilité du mot ‘câliner’, mais bien des parents normaux, s’aimant par-dessus tout, faisant passer le bonheur de leur fils avant l’image de la famille. La seule chose que je ne changerais pas dans ma vie, si tout était à refaire, ce serait mes frères et sœurs. J’ai toujours été très proches d’eux, la mince différence d’âge doit jouer. Effectivement, nous avons tous exactement un an de différence – je ne tolèrerais aucunes blague là-dessus, après tout, ça reste ma famille, que je le veuille ou pas – et nos rapports ont toujours été très bons, même si nous n’avons aucun points en commun. Mais là n’est pas le sujet du jour. Ce n’est pas de leur faute si j’ai été choisis pour m’unir –de force- à une jolie demoiselle, issue d’une des familles de sorciers très riche et ‘bien comme il faut’. Je n’arrive toujours pas à y croire. Depuis voilà un an maintenant, je suis fiancé à Sullibeth Duvall, sorcière sang-pur comme le veut le tradition, d’une famille riche qui plus est. Voyons, soyons sérieux un instant. Comment avais-je pu tomber dans le panneau ? Ma mère avait réussi une fois de plus à me prendre par les sentiments – parce que, malgré les apparences, je suis sensible comme garçon, j’vous l’jure -.

« C’est mon cœur que tu veux briser Aleksey ? » avait-elle crié d’une voix agonisante, ses yeux perfides se remplissant de larmes, des fausses larmes bien entendu. Tranquillement affalé dans un des canapés du manoir ( ne vous ai-je pas précisé que les Nicolievski possédaient un grand manoir en Russie ? vous voilà avertit alors ), mes mains pianotaient nerveusement mes genoux. Un des nombreux tics qui m’étaient apparus au fur et à mesure de l’âge, et qui était un des premiers signes d’irritation chez moi. Je venais d’apprendre la nouvelle. Mes fiançailles avec une totale inconnue, et ma mère s’étonnait de ne pas m’extasier à l’idée de devoir partager le reste de ma vie avec une idiote plutôt qu’avec… Bref, nous nous écartons une fois de plus du sujet principal. Je venais de reprendre mes esprits, et ma mère n’avait toujours pas fini sa longue tirade. « Aleksey, tu ne peux pas passer le reste de ta vie comme ça. Pense à ton avenir, à notre avenir à ton père et moi. Tu crois que nous avons passé toutes ces années à te donner la meilleure éducation possible, pour que tu envoies tout balader ? » Un long soupir s’échappa de mes lèvres entre-ouvertes tandis que je me redressai lentement, de sorte à pouvoir regarder ma bien aimée mère dans le blanc des yeux. Quoique l’on fasse, on finit toujours par se plier aux souhaits de nos paternels, que ce soit la bonne chose à faire pour nous ou pas. Cependant, je n’étais pas encore totalement prêt à céder. Pas encore. « Et moi qui pensais que vous ne vouliez que mon bonheur… Je ne la connais même pas cette fille ! J’ignore tout d’elle, jusqu’à son prénom ! » Lançais-je, profondément agacé. C’est vrai, comment pouvais-je m’imaginer dans dix ans, au côté d’une femme sans visage, sans nom ? Ne sommes-nous pas censés nous marier par amour ? Moi qui pensais que les mariages forcés avaient été bannis du Monde Magique, quelle grossière erreur. Profondément agacé, non seulement à cause des obligations qui pesaient sur moi, mais également à cause de la manie de ma mère à m’appeler par mon premier prénom lorsqu’elle tentait de m’amadouer. Voyez-vous, Aleksey était le nom de mon grand-père, mort pour une noble cause – ne m’en demandez pas plus, je n’ai jamais aimer ces petits retour en arrière – et, ma douce et perfide mère, m’a légué ce prénom, en pensant que je serais le plus noble de ses quatre enfants, que je ferais briller plus fort et plus haut l’étoile qui symbolise notre famille. Voilà, je commençais à me sentir coupable, en regardant ses grands yeux couleur émeraude me regarder, larmoyants. Je n’étais pas digne de porter ce prénom, c’est pourquoi j’obligeais tout le monde à m’appeler par mon deuxième prénom. « C’est une jeune femme tout à fait correcte, je ne me rappelle plus très bien de son prénom. Un nom anglais je pense, Dunal ? Duvel ? » Elle fit une pause pendant deux minutes, réfléchissant intensément, avant d’enfin poursuivre. « Duvall ! Sullibeth Duvall ! »

Un an plus tard, je soupirais toujours à chaque fois que je me rappelais cet épisode décisif dans ma vie. Oh, j’avais bien vite compris qui était Sullibeth, la cousine de ma bien aimée ; car bien sûr, ma vie n’étais pas encore assez compliquée, il avait fallu que je tombe sur elle. Oh, avec tout ce qu’il s’est passé – le sortilège, la haine qui revient, etc – j’ai eu le loisir de connaître Sulli’ un peu mieux. Et surtout, j’ai appris l’anglais grâce à elle. Enfin, je veux dire, je connaissais les bases, mais c’est Miss Duvall qui m’a appris à comment placer mes lèvres pour prononcer tel ou tel son. J’ai découvert que, malgré notre engagement assez ennuyeux, elle restait quand même très sensible à tout ce qui m’était arrivé. Evidemment, elle connaît mon histoire avec sa cousine et n’arrête pas de la mentionner à chaque conversation. J’ai eu beau lui dire que je ne voulais plus en entendre parler, que c’était fini entre elle et moi, elle ne rate jamais l’occasion de me donner de ses nouvelles. Non que ça me déplaise au fond. Pour notre entourage, nous sommes officiellement fiancés, et donc supposément en couple. Dans la pratique, il n’y a eu aucun baisé échangé, aucune partie de jambes en l’air – non que cela m’aurait déplu – ni rien de tout cela. La seule preuve d’affection que nous nous sommes accordés repose sur les accolades amicales, les mains liées et autres niaiseries dans le genre. Il faut faire semblant, un minimum du moins, pour qu’aucune rumeur de rupture n’atteigne les oreilles de nos chers paternels. Avec le temps, certains liens ont germé, et je commence à m’attacher de plus en plus à ce petit bout de femme. Oh, rien de bien sérieux, purement amical cela va sans dire. Après tout, c’est la première personne que j’ai rencontré à Poudlard, elle a donc été mon point de repère dans ce monde nouveau. Et je l’avoue, mon cœur est sensible, il lui a donc fait une petite place de choix. Que cela plaise à notre entourage ou pas, notre amitié a bien évolué en un an. La venue de la cousine préférée ne changera pas la donne, du moins je l’espère. Si tout redevient comme avant, il est quasi certains que la guerre est de nouveau déclarée.