Ma mémoire est une forêt dont on a abattu les arbres.
Ruby lissait sa robe de sorcière avec un sourire léger. Elle était si loin de ce train, rêveuse était un qualificatif particulièrement bien choisi pour définir la jeune fille.Voilà pourquoi elle devait écouter mère lorsqu'elle lui conseillait de ne pas lire avant de s'endormir: le lendemain, le livre emplissait tant ses pensées qu'elle repartait dans les profondeurs du récit dès qu'elle le pouvait ! Un garçon la tira de ses songes: « Je m’appelle Edward. » La jeune fille laissa apparaitre un sourire plus grand, chaleureux. « Je m'appelle Ruby. » Des banalités, en somme, pourtant, c'était le début d'une grande histoire d'amour, le genre d'histoire que Roméo et Juliette jalouseraient presque.

Aussi bien Ruby aimait recevoir des compliments, jamais elle n'en reçue autant que de la part de Lance Bleicken. Elle rougissait à chaque fois qu'il lui disait que ses yeux refletaient la lumière de la même façon que le rubis rougissait au soleil, que le rouge la seyait à merveille... Elle ne comprenait pas pourquoi Edward lui conseillait de se méfier. Un garçon aux paroles si douce ne pouvait pas être méchant, ne pouvait pas lui vouloir du mal ! Et, de toute les façons, Edward avait beau être son plus proche ami, il n'avait aucuns droits de jugement sur ses fréquentations. S'il n'était pas content, il aurait du se manifester en premier ! Alors, Ruby a accepté, un soir, de voir Lance près de la volière, dans un couloir peu fréquenté, près d'une gargouille au sourire peu rassurant. La demoiselle l'attendait, sans penser une seul seconde qu'après le baiser déposé sur sa joue, le garçon deviendrait plus entreprenant : il passa sa main sur son bras, le regard sans tendresse, avant de la glisser sur la poitrine de la jeune fille. Ruby le gifla, et sans attendre une autre réaction de sa part, s'echappa plus loin, et dans la noirceur de sa cachette, pleura doucement... Avant d'être secouée de grands sanglots qu'elle ne pouvait refrener. Elle était seule, et ce n'était que ce qu'elle méritait. Elle se le promettait, elle écouterait toujours Edward à l'avenir. Parce que lui, bien mieux qu'elle, savait ce qui était bon. C'est alors qu'il arriva, comme s'il avait entendu son appel mental. Il la serra contre elle, simple présence rassurante. Elle était bien, parce qu'il n'y avait rien à dire. Ils savaient déjà tout.

« Je te veux. » « Mais tu m'as déjà. » « Je veux dire, je te veux pour toujours. Je veux me réveiller le matin et te voir à mes côtés, je veux arriver le soir et te retrouver. Je te veux tout le temps et jusqu'à la fin de mes jours. Il n'y a jamais eu que toi et il n'y aura jamais que toi. [...] Ruby, veux-tu m'épouser ? » Les yeux brillants, Ruby hocha la tête vers l'homme, un genou sur le sol glacé de la tour d'astronomie, cette homme qu'elle aimait tant depuis Poudlard. L'éclat de son sourire se reflechissait dans les yeux d'Edward. « Oui... Oui, je le veux ! » Il se releva, un sourire parfaitement heureux sur les lèvres, pour les poser sur celle de sa fiancée en la soulevant de terre. Tout irait pour le mieux, ils sont ensembles désormais, et cela pour toujours.

Désormais, je pouvais profiter de la lumière du jour, qui m’était presque devenu inconnu. Certaines choses changeaient tant, m’émerveillait presque. Le soleil en faisait partie. C’était ce que j’aimais le plus regarder. Un spectacle incroyable. Et parmi toutes les magnificences que j’ai découvertes et dont je passais mes journées à regarder, il manquait Edward. Je l’aimais encore. Et voilà comment avançait ma vie. Lentement, répétant les mêmes gestes… Ma sœur s'appliquait au piano. La musique se prolongeait lentement, la mélodie résonnait, s’imprimant dans mon esprit, mais n’arrivant à retirer les flashs de mon esprit. Ça faisait mal, comme un poignard. Comme un poignard qu'il m'avait enfoncé dans le ventre, lorsqu'il m'avait sequestré. Jamais je ne pourrais avoir d’enfants, je finirais vieille fille, surement, mais je serais seule. Sans attache. Et jamais au grand jamais ma mort sera un obstacle. Aujourd’hui même, maintenant, tout de suite, je pourrais mourir, que cela ne dérangerait personne. Je suis libre. Je suis libre. Et c’est l’une des pires choses qui m’est arrivée. La haine est bien trop forte. Bien sûr, je n’oublie pas Swan. Que ferais-je sans elle. Mais Elle n’a pas dû subir ce que j’ai supporté, elle n’a pas dû se retrouver dans ma situation, heureusement pour elle. Les souvenirs me frappèrent sans que je ne puisse rien contrôler. Oui, je frissonnais de peur. Et je ne ressentais rien d’autre que des frissons. Pas de pleurs, rien d’autre qu’un léger chatouillement frais qui me gênait constamment. Les pleurs seraient surement mieux. Ils ne seraient pas là tout le temps, à un moment, mes yeux serraient si secs que rien ne serait plus, dès lors où les perles salés n’oseraient plus se présenter sur mes joues. Les pleurs seraient surement pires. Parce que je n'arriverais pas à les tarir. Il est mort, et ça pour toujours. Ainsi, je me retrouve perdue et sans repère, je suis Ruby sans l’être, je me glace et me fige dans le temps, je ne vis que par des souvenirs. Mon esprit, ma prison, est trop étroite pour que je continue ma vie. Le courage n’est pas assez grand pour que je m’abandonne. Car je ne peux le nier : Je peux détester la vie, j’ai beau ne pas avoir assez de force pour l’affronter, jamais je ne pourrais tenter l’abandonner. L’espoir me tient ici. Malgré toutes mes réticences, je lutte, et je tiens pour lui. Uniquement pour lui. Swan termina de lire le journal de sa sœur, les yeux pleins de larmes. La guerre avait été terrible, et avait ravagé sa sœur. Elle ne pensait pas que Ruby avait des pensées si sombre. Elle leva les yeux du journal et vit sa sœur assise sur le rebord de sa fenêtre. Elle avait les yeux dans le vide, et sans que Swan pu faire quoique ce soit, elle sauta du second étage du manoir. Swan hurla mais il était trop tard. Ruby avait rejoint Edward dans un pays lointain.
Je me souviens, je me rappelle, c'était une rengaine sans fin.
Je me souviens de ces regards, ces yeux pleins d'admiration, et ces mots qu'on a murmuré sur mon passage. Les moment où je me suis réfugiée dans un endroit où personne ne viendrait m'entendre pleurer. Incomprise lorsque je n'arrivais pas à répondre aux questions des admirateurs de mon frère, lorsque je m'eclipsais lorsqu'ils parlaient de lui. C'est comme si, gravé dans mon nom de famille, dans mon identité, il y avait Garett. Il était mort, mais revenait dans le souvenir de chacun en me voyant apparaître à Poudlard. Les interrogations lorsque le choixpeau m'envoya à Poufsouffle alors que mon frère avait été un brillant gryffon. Je ne pouvais pas en parler, qui pourrait comprendre que j'ai honte de ne rien trouvé en commun avec mon frère, que je me sent stupide de ne pas savoir grand chose sur lui, comparé à d'autre, qui connaissait la moindre de ses actions. Faire le point sur ma première année à Poudlard ne me rend pas fière. J'avais été excellente en cours, et j'avais peur du reste. Peur des autres, peur des regards, la honte de ne pas réussir à monter sur un fichu balai ! Au fond je le savais, je ne pouvais pas être bonne au Quidditch, je voyais encore les photos de mon frère chutant sur les coupures de journaux que ma mère avait caché dans une boîte sous son lit... Je l'avais ouverte, pensant que c'était mon cadeau d'anniversaire que mon père avait caché. Mais non. Les balais étaient proscrits chez moi. Alors, certains disaient que j'étais traumatisée, d'autres que je n'étais pas digne d'intêret étant donné que je n'étais bonne à rien sur un balai... Il faut avoué que toutes les remarques me blessèrent. Seuls ma directrice de maison, Cordelia, Téonard et Nohlan m'aidèrent à passer cette année compliquée. Malgré mon statut de loup-garou, la première me soutint, et fut emerveillée de mes talents en sorts. Et Nohlan... Eh bien, c'est Nohlan... Il est parfait. Que dire d'autre de lui ? Et sa sœur jumelle, que je considère comme ma meilleure amie, l'est tout autant. Elle m'a tant aidée avec mon problème mensuel comme elle aime l'appeler. Téo, quant à lui, est fidèle à lui-même, et il joue le rôle de frère protecteur d'une façon qui me fait penser à Garett... Il n'est pas Garett, non, Teo est comme un jumeau, une partie de mon âme sans laquelle je ne peux vivre.

« Tu ne comprend donc rien ? » « Qu'es-ce que je devrais comprendre ? » elle s'effondra en larmes « Toi, moi, nous. » « C'est toi qui ne comprend pas, ça me rend malade juste quand tu parle à un autre garçon de la pluie et du beau temps, je meurs d'envie d'être avec toi depuis le premier jour que je t'est rencontré dans ce fichu train mais apparemment, je ne suis qu'un simple ami à tes yeux. » « C'est pas vrai, ta pas le droit de dire ça. Si t'étais qu'un simple ami, je ne serais pas là en face de toi à pleurer comme une pauvre idiote ! » La pluie débuta, comme si les pleurs de Callie se reportaient sur le temps. D'habitude, elle arrivait à ne pas changer le temps même si ses émotions étaient fortes, mais là, c'était trop. Trop tout. Elle était amoureuse de lui depuis si longtemps. Au fond d'elle même, elle savait depuis quand : Depuis qu'ils s'étaient vu dans le train. Une attirance irresistible, un amour venant d'autre temps surement...

Rêve. Cauchemar. Peur. Les yeux de Calyspo s'ouvrirent derechef. La surprise la foudroya sur place, si bien qu'elle se retrouva assise sans savoir comment ses membres s'étaient redressés. La main posée sur son front, elle retirait la fine épaisseur de sueur qui la dérangeait. Son compagnon n'était toujours pas rentré. Elle laissa quelques larmes s’échapper, c'était si réel... Elle marchait dans les decombres, la baguette à la main, qu'elle serrait si fort que les jointures de ses mains rosirent. A l’affût du moindre bruit, elle regardait autour d'elle les débris causés par la magie et les bombardements. Les corps amassés sous les pierres, des amants enlacés pour la dernière fois, avant le fracas final. Et, devant elle, hurlant à tout poumons, la main sur le torse, son seul amour avec comme seul mot à la bouche son prénom : Ruby. Elle se précipita vers lui avant de voir un éclair vert foncer droit sur lui... A peine avait-elle pu se remettre de son cauchemar qu'elle chercha Nohlan. Et la première dispute éclata, comme si leur plénitude n'avait lieu d'être. « Je.. Je.. » « Pas la peine de te forcer. » « C'est pas de ma faute je te signale, c'est peut-être pas nous tout ça ! (...) Excuse-moi je ne voulais pas dire ça. » « T'as très bien exprimé le fond de ta pensée, ce n'est pas sans doute pas nous. On est peut-être en train de jouer des rôles, j'ai compris mais bon sang tu ne vas pas me dire que ce qu'on a vécu ça ne signifiait pas quelque chose pour toi ! » Pleine de regrets, elle le regarda partir. C'était donc ça une rupture ? Ce sentiment d'être déchirée, brûlée, et seule ? Ses sanglots la secouèrent et elle s'appuya sur le mur pour rester debout. Il était parti...

« Qu'es-ce que tu faisais avec lui ? » « Il me passait les devoirs puisque hier je ne suis pas aller en cour, Nolhan. » « C'est ça et les autres soir t'étais où Y. ? Parce que tu sais j'ai remarqué tes absences répétés que ce soit de jour ou de nuit. » « Tu me fais suivre ?! (...) Nolhan c'est.. C'est trop dur, je peux plus. Si tu n'as pas un minimum confiance en moi, ça ne pourra pas marché. » « On est peut-être pas fait pour être ensemble alors, va retrouver ton cavalier-là c'est avec lui que tu aurais dû rester cette nuit-là ! » la tension était si haute qu'elle fini par lui coller une gifle « Je te déteste ! » Au fond d'elle, elle savait qu'elle aurait pu lui prouver sa fidélité, mais c'était trop dangereux. Elle ne pouvait pas, elle ne pouvait pas. Qui sait si son loup aurait pu le mordre ? Pas question qu'il devienne comme elle. Elle avait déjà trop de gens à son goût dans le secret, et elle était terrifiée que sa meilleure amie s'occupe d'elle dans ces soirs là. Autant Callie ne comprenait pas son comportement avec Téo, autant Cordélia ne comprenait pas son comportement avec Nohlan. « Je ne comprends pas pourquoi tu fais ça, tu pourrais être heureuse ! Je ne te comprends pas ! » « C'est moi qui ne te comprends pas. Pourquoi tu rejettes mon frère comme ça alors que tu l'aimes toujours ? » Bien évidemment qu'elle l'aimait toujours. Elle l'aimait plus que tout au monde, plus que son père, que sa mère, que son frère défunt, elle l'aimait plus qu'elle aimait toutes ces personnes réunis. Et c'était terrifiant. Terrifiant de grandeur, d'intensité et de beauté. Elle ne pouvait pas risquer de le tuer, elle ne pouvait pas risquer de le perdre, elle préférait encore qu'il garde en lui une haine indéfectible, elle préférait encore qu'il oublie son amour pour elle afin qu'il puisse profiter d'une vie qu'il mérite, et qui sera plus belle que toute celles qu'il a pu imaginé dans ses songes les plus fous. Le problème est là : Entre la haine et l'amour, il n'y a qu'un pas, et ne dit-on pas que la haine est une passion ?